Image en noir et blanc d’un homme qui discute avec sa psychologue

 

La perversité suscite beaucoup d’interrogations, que ce soit au niveau de la compréhension de ce trouble que de sa prise en charge.

Un individu diagnostiqué « pervers » instrumentalise toutes ses relations : familiales, sociales et professionnelles. Il inflige une réelle souffrance à son entourage. Son mode de fonctionnement pervers étant ancré depuis l’enfance, est-il possible qu’il puisse avoir la capacité d’évoluer favorablement à travers un accompagnement thérapeutique ?

Une question qui soulève de nombreux débats au sein de la communauté scientifique…

 

Qui est l’individu pervers ?

La perversité est probablement la forme la plus grave qui existe dans le comportement humain. Derrière une facette souvent très séductrice, se trouve un esprit vidé de toute substance émotionnelle. Derrière le masque d’un individu réellement pervers, se cache une grande froideur. Il a ses propres convictions et ses propres codes. Les normes de la société ne sont pas les siennes. Il évolue dans ce monde comme un loup indomptable et dangereux, mais cela ne se voit pas toujours au premier abord. Il sait gagner la confiance de ses congénères car c’est un fin manipulateur.

Il sait aussi prendre le temps d’observer les autres et de repérer leurs points faibles. Son relationnel avec les gens est purement calculé où chacun est choisi en fonction de qu’il peut apporter d’utile au pervers. Il marche au milieu de nous avec un sentiment de toute-puissance, avec cette incapacité à ressentir les émotions de son entourage, ni les souffrances qu’il peut infliger, notamment aux personnes les plus proches.

Sa façon d’être est généralement basée sur la manipulation, le mensonge et le contrôle des autres.

 

La prise en charge thérapeutique d’un pervers

Il est excessivement rare qu’un pervers fasse des démarches à sa propre demande pour faire un travail thérapeutique. Il a une très haute opinion de sa personne et ne s’estime pas « malade ». Tout cela l’amène à nier la nécessité d’un travail à faire sur lui-même.

Ce sentiment de puissance, assez extrême, complexifie grandement l’accès aux soins, tout comme son manque d’empathie et son incapacité à se remettre en question. Il voit cette thérapie comme une tentative de contrôle et il ne l’accepte pas.

Toutefois, lorsqu’un pervers arrive dans le cabinet d’un professionnel de la santé mentale, c’est souvent parce qu’il y est forcé. Dès lors, cette relation thérapeutique va, elle aussi, être instrumentalisée par le pervers. Ce moment d’échanges entre lui et le médecin va se transformer en jeu de pouvoir où il va tout faire pour gagner la partie. Le pervers n’arrive pas à percevoir ce processus de soin comme une aide mais plutôt comme une intrusion contre laquelle il passe à l’attaque.

Une fois devant le psychologue ou le psychiatre, le pervers va observer et étudier son comportement afin de le contrôler. Il va essayer de chercher ses failles afin de s’en servir contre lui. Le pervers veut être en position de force devant ce professionnel et va tout tenter pour le déstabiliser, notamment en retournant les techniques utilisées par le médecin et en les retournant contre lui. Il fera le nécessaire pour dépasser les limites du cadre thérapeutique établi.

Dans bien des cas, la thérapie peut aussi être un exutoire où le pervers y place certaines de ses difficultés sans pour autant se remettre en question. Il a plutôt tendance à se placer en victime et il évite soigneusement d’aborder les frasques de ses comportements, ainsi que tout ce qui touche à ses responsabilités.

Ainsi, une telle prise en charge s’avère être un véritable défi pour les soignants. Pour faire face à un pervers, il faut des compétences solides, une longue expérience dans ce type d’entretien, une grande fermeté mais aussi un soutien collégial régulier.

La thérapie en elle-même se base sur l’identification des émotions d’autrui, tout en faisant un travail permettant de réduire l’égocentrisme du pervers. Le médecin doit le responsabiliser sur ses comportements asociaux et sur les conséquences de ses actes. 

Pour cela, il utilise, entre autres, la thérapie cognitivo-comportementale pour modifier les schémas dysfonctionnels qui amènent une vision de lui-même qui est surdimensionnée. 

Dans bien des cas, le professionnel de santé mentale doit également travailler avec le patient à la réparation des carences affectives ou d’éventuels traumatismes développés au cours de sa vie. Bien que cela ne soit pas systématique, un grand nombre d’individus diagnostiqués « pervers » ont des antécédents graves de maltraitances ou de pertes :

  • Négligences émotionnelles et affectives de la part de la famille
  • Processus développemental dans un environnement violent
  • Abus sexuels subis dans la jeunesse
  • Abandons avec placements dans des institutions
  • Deuils ou séparations traumatisantes

Notons que certains individus diagnostiqués « pervers » n’ont jamais eu de tels antécédents ou alors ces derniers ont été « oubliés » ou n’ont pas été identifiés. Même si d’autres facteurs entrent aussi en jeu, des traumatismes liés à l’enfance ou à l’adolescence peuvent favoriser le développement d’un trouble de la personnalité.

Il s’agit ici d’une prise en charge thérapeutique qui va se faire sur un très long terme avec, malheureusement, un sérieux risque d’abandon des soins de la part du patient. Celui-ci peut prendre cette décision car il veut garder le contrôle de la situation, ou parce que les révélations exposées durant la thérapie s’avèrent trop compliquées à gérer pour lui.

 

Une guérison envisageable ? 

La perversité est un trouble qui s’étire sur la durée et qui s’avère enracinée dans l’historique du patient. Ce n’est donc pas une façon d’être qui se fait par crise. Ce fonctionnement psychique est rigide mais aussi ancré depuis l’enfance. C’est ce qui rend particulièrement difficile la modification de ce schéma.

Ainsi, une guérison totale est totalement impossible. Nous ne guérissons pas d’un état pervers. Tout au plus, une légère amélioration est envisageable grâce à une meilleure conscience de soi et des actes, mais aussi grâce à un environnement bienveillant. 

La motivation réelle du patient est très rare. Elle est plutôt superficielle ou contrainte à des pressions extérieures. Hors, c’est la motivation sincère de s’en sortir qui conditionne d’abord le succès d’une thérapie.

Ainsi, la prise en charge d’un pervers doit se faire sur de très longues années, avec la possibilité d’un risque élevé de récidive, notamment en cas d’arrêt prématuré de ce suivi.

Modifier la structure même de ce type de personnalité permettrait de stabiliser les progrès accomplis, mais c’est un travail thérapeutique qui reste difficile à atteindre. Il en résulte aussi que ces progrès se feront en fonction de chaque patient.

Vous l’avez compris, le pronostic de la perversité reste très sombre même si quelques changements significatifs sont possibles à travers un suivi spécialisé sur un très long terme. 

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