Le mot « psychopathe » signifie « esprit » (psyché) et « souffrance » (pathos). Celles et ceux qui sont diagnostiqués « psychopathes » sont marqués par des réponses émotionnelles déficientes. Ils peuvent être difficiles à identifier car ils ont ce côté charmant, détendu, avec de l’assurance dans les propos et dans leur façon d’être. Ils masquent souvent leurs véritables intentions en imitant les autres afin de mieux se fondre dans la société. Il se dit que le comportement psychopathique pourrait être amené à s’accroître au fil des générations à venir. En attendant, que savons-nous concrètement sur les psychopathes ? Et surtout, qu’est-ce qui va différencier les gens non psychopathes de ceux qui le sont ? Cet article va explorer les écarts entre ces deux groupes, notamment en termes de personnalité, de comportement et de fonction cérébrale.

 

Le psychopathe en tant que tueur

Les véritables psychopathes s’avèrent être des prédateurs ultimes dans la société. Ce sont des caméléons sociaux qui savent parfaitement s’adapter aux situations, aux gens et aux environnements particulièrement désagréables.

Nous les retrouvons dans tous les cadres de vie et ils viennent de tous les milieux socio-économiques. Mais surtout, les psychopathes ne sont pas fous car ils n’ont aucun problème à comprendre le droit pénal. L’idée selon laquelle ils ne peuvent pas faire la distinction entre le bien et le mal est totalement fausse. Ils ont parfaitement conscience de ce qui est légal et de ce qui ne l’est pas. En particulier, ils savent que le meurtre enfreint les lois et les mœurs de la société. Ils comprennent qu’ils sont soumis aux règles de la communauté, mais ils vont tout simplement les ignorer pour satisfaire leurs propres intérêts et répondre aux besoins de leurs fantasmes.

Les tueurs en série psychopathes n’ont aucun respect pour la souffrance de leurs victimes et ont également un détachement émotionnel lorsqu’ils commettent un crime.

Le manque d’empathie et le mépris pour leurs victimes sont des caractéristiques clés qui définissent cette typologie de criminels. De manière générale, les psychopathes ont une empathie très pauvre et ne ressentent aucune culpabilité, ni remords face aux actes malveillants qu’ils infligent aux autres. Généralement, ils ont une intelligence normale à supérieure, mais rien n’a jamais démontré qu’ils étaient plus intelligents que la moyenne. Ils sont manipulateurs, menteurs et se montrent charmants pour attirer leurs proies avec un faux sentiment de sécurité. Il existe aussi des psychopathes avec un coefficient intellectuel inférieur à la normale. 

Ils savent parfaitement se dissocier émotionnellement de leurs actions. C’est pourquoi les psychopathes peuvent être si dangereux : parce qu’ils ne réagissent pas avec colère face à leurs victimes, mais plutôt avec une indifférence froide. Ils disent ne rien ressentir pendant et après un passage à l’acte violent, ce qui les rend plus susceptibles de répéter à nouveau leurs crimes. Le tout, sans ressentir de culpabilité et de remords.

 

Différences entre sociopathe et psychopathe

Sociopathe et psychopathe sont souvent perçus comme étant une seule et même entité. Tout le monde n’est pas d’accord sur le sujet et de plus en plus de cliniciens soulignent des différences entre les deux. Sociopathie et psychopathie sont répertoriées comme une sous-catégorie du trouble de la personnalité antisociale. Beaucoup de caractéristiques de l’une et de l’autre sont similaires, ce qui explique la confusion, souvent fréquente, entre le psychopathe et le sociopathe.

Les deux éprouvent un réel mépris pour les droits, mais aussi les sentiments des autres. Ils n’ont pas ou très peu de considération pour les normes sociétales, ce qui les rend imprévisibles. Ce sont des menteurs habiles qui n’éprouvent ni l’un ni l’autre de la culpabilité vis-à-vis de leurs propres actes. 

Toutefois, les sociopathes ne sont pas aussi audacieux ni aussi sûrs d’eux que les psychopathes. Ils ont des difficultés à maintenir des relations stables, ce qui peut les conduire à se mettre en marge de la société. Mais même si cela est très difficile pour eux, il ne leur est pas totalement impossible de créer des liens avec les autres. Bon nombre de sociopathes sont capables de former un attachement à un individu ou à un groupe de personnes. Cela signifie que les relations avec un sociopathe peuvent exister, mais elles sont peu nombreuses et restent limitées. L’entourage du sociopathe perçoit bien que son comportement n’est pas normal. Son côté « perturbé » est visible et ses actes, notamment s’il s’agit d’un meurtrier, sont généralement impulsifs, spontanés et non planifiés. Il agit selon ses impulsions sans se soucier des conséquences.

À l’inverse, le psychopathe a bien du mal à tisser des liens émotionnels sincères avec les gens qui l’entourent. Souvent d’apparence tout à fait charmante, il s’agit en réalité d’un charme plutôt superficiel. Il a une vision très exagérée de sa propre valeur. Il ne doute de rien et peut facilement gagner la confiance des gens. Les psychopathes portent un masque dit de « normalité » : ils miment les émotions sans en comprendre l’intégralité de leur portée et il faut beaucoup de temps pour que l’entourage puisse percevoir leur vraie nature. Ils savent planifier, surtout lorsqu’ils s’apprêtent à faire quelque chose d’illégal ou de malveillant. Les psychopathes ont également cette capacité d’être imperturbables. Quelle que soit la crise, ils naviguent tranquillement, sans jamais céder à une quelconque pression. Ils ont cet aspect détendu, calme et très minutieux qui fait généralement défaut aux sociopathes.

Les psychopathes sont plus difficiles à identifier et à arrêter que les sociopathes. Leur froideur, leur perspicacité et leur degré de manipulation les rendent plus « maîtres » et « contrôlants » de ce qu’ils font, notamment lorsqu’il s’agit d’un crime.

La sociopathie trouverait sa racine dans l’environnement de celle ou celui qui est diagnostiqué avec ce trouble de la personnalité.

 

Quelles sont les causes de la psychopathie ?

Là aussi les avis divergent quelque peu. Beaucoup de chercheurs s’accordent à dire que la psychopathie trouve sa racine dans la génétique. Souvent héréditaire, elle trouverait également ses origines dans des anomalies cérébrales, mais aussi à travers des facteurs environnementaux, des traumatismes et autres abus durant l’enfance.

Mais le fait est qu’il n’y a pas de cause unique qui explique l’origine de ce trouble de la personnalité. Il s’agit d’un ensemble de facteurs complexes, tant génétiques qu’environnementaux. Toutefois, même s’il n’y pas de gêne spécifique, la science indique qu’il y a une forte corrélation entre la psychopathie et les antécédents familiaux. Diverses variantes génétiques peuvent donc augmenter le risque de psychopathie et même si les parents ne sont pas atteint de ce trouble de la personnalité, ils peuvent être porteurs d’une ou plusieurs variantes génétiques pouvant entraîner une psychopathie chez leurs enfants.

Avec cet important potentiel héréditaire, l’environnement peut également jouer un rôle dans l’augmentation ou la diminution des risques chez un enfant de développer une psychopathie. Évoluer dans une famille violente et dysfonctionnelle peut augmenter le risque. De la même manière, nous voyons des enfants être diagnostiqués « psychopathes » alors qu’ils ont grandi dans des familles aimantes et bienveillantes et d’autres qui présentent des facteurs à risque élevés, notamment au niveau familial, qui ne vont pas développer ce trouble de la personnalité.

Comme vous pouvez le constater, l’origine de la psychopathie n’est pas encore très claire, mais la science en apprend davantage chaque année, notamment sur cet aspect génétique.

 

Le contrôle des émotions chez les psychopathes

Rappelons qu’un psychopathe n’est pas forcément un tueur et que les tueurs ne sont pas tous des psychopathes. Un homme ou une femme diagnostiqué psychopathe peut tout à fait évoluer au milieu de nous, sans commettre de crimes, ni être physiquement violent. En revanche, n’oublions pas que ce sont des prédateurs sociaux, dont le niveau empathique est très faible ou inexistant, n’éprouvant pas de culpabilité, très égocentriques, manipulateurs et impulsifs. Ces derniers peuvent surtout commettre des dégâts dans leurs relations avec les autres.

De manière générale, les gens ont besoin d’être « touchés » émotionnellement par quelqu’un, un produit, une situation, un lieu. Les psychopathes n’ont pas réellement ce besoin car il se dit qu’ils éprouvent toutes les difficultés du monde à ressentir des émotions. Au niveau de la structure de leur cerveau, les chercheurs ont remarqué que la zone de l’amygdale qui joue un rôle dans la sociabilité, l’empathie et la peur, est moins active que les individus non psychopathes. Cela peut expliquer leur côté « intrépide » et leur incapacité à analyser un danger pour ce qu’il est ! D’autres régions du cerveau sont visées, en particulier celles qui touchent aux émotions et à la prise de décision. 

Le ressenti émotionnel et les décisions réfléchies sont amoindris ou absents. Les psychopathes savent afficher des expressions faciales liées aux émotions sans ressentir complètement la teneur de ce qu’ils montrent. Ce manque d’empathie leur permet ainsi de ne pas être affectés par ce que les autres éprouvent et de pouvoir les manipuler, leur mentir et les exploiter sans être impactés de quelque manière que ce soit !

Les psychopathes restent également très calmes dans les situations de grande tension. Ils ne ressentent pas le même niveau de réponse émotionnelle que les personnes non psychopathes. Ils sont hermétiques à la pression, aux contrariétés et aux menaces de toute sorte. Ils ont une impressionnante tolérance au stress. Les événements ne les bouleversent pas comme cela pourrait être le cas pour un entourage non psychopathe. Même s’ils sont capables d’avoir de très grandes colères, ils peuvent parvenir à la contenir s’ils estiment que cela pourrait leur porter préjudice. Ils peuvent donc avoir la capacité de contrôler leurs émotions négatives lorsque le contexte l’exige.

Toutefois, une autre étude vient apporter une seconde vision sur le fait que les psychopathes sont dépourvus d’émotions. Les chercheurs penchent plutôt vers le fait que ces derniers auraient surtout une mauvaise régulation émotionnelle. Cela signifie qu’en réalité les psychopathes éprouvent des émotions, mais ils décident d’ignorer ces dernières s’ils pensent qu’elles pourraient interférer avec les objectifs qu’ils se sont fixés. 

Ils savent donc compartimenter ce qu’ils ressentent si cela doit nuire à leurs projets. Cependant, si ces derniers se concentrent uniquement sur leur état émotionnel ou celui de quelqu’un d’autre, sans arrière-plan lié à une quelconque ambition, ils ressentent et perçoivent l’émotion pour ce qu’elle est ! Une bonne nouvelle qui nous éloigne un peu du pronostic très sombre concernant l’aide thérapeutique des psychopathes.

 

Traitement et réadaptation des psychopathes

Il faut bien sûr différencier le traitement du psychopathe violent du psychopathe non violent. Un psychopathe violent qui est incarcéré, risque de ne pas avoir suffisamment de soins adaptés car cela nécessite un suivi régulier.

Notons également qu’un psychopathe non violent ne s’estime pas malade. Il est assez rare qu’il aille voir un spécialiste de lui même. Mais si un individu jeune ou adulte est diagnostiqué « psychopathe » par un professionnel qualifié, plusieurs options thérapeutiques peuvent être proposées :

  • les thérapies cognitivo-comportementales : des formes spécifiques de TCC peuvent être utilisées pour accompagner la personne psychopathe afin de travailler sur les schémas de pensée négatifs et inadaptés
  • les thérapies axées sur la famille : un enfant ou un adolescent avec des problèmes de comportements violents peut se voir proposer des soins, avec sa famille, afin de lui apprendre à contrôler ses émotions, ses relations et son comportement général. Les professionnels guident aussi les parents pour que ces derniers puissent gérer efficacement l’attitude oppositionnelle, perturbante et agressive de leur enfant
  • les médicaments : il n’existe pas de traitement médicamenteux pour traiter directement la psychopathie. Ce sont généralement des comprimés utilisés pour maîtriser les troubles de l’humeur et de l’anxiété. Ils ne guérissent pas. Ils peuvent réduire certains symptômes de la psychopathie sans toutefois être sûr que cela aura un effet réel. Il faut trouver le bon dosage et pouvoir supporter les effets secondaires qui peuvent être plus forts que la capacité à gérer les symptômes

Les psychopathes performants et non violents ont un niveau de conscience élevé qui leur permet de masquer leurs pulsions antisociales. C’est pourquoi ils peuvent évoluer aussi facilement au milieu des autres. Ce trouble de la personnalité possède de nombreuses façades, où les connexions ordinaires avec les gens ne sont pas celles des psychopathes, où les inhibitions imposées par la société sont réfutées par ces derniers. Ils décident, ils repèrent, puis ils passent à l’action. Et tant pis si cela ne tient pas compte du règlement du système.

Mais l’image exaspérante et terrifiante qui émane du psychopathe pourrait bien changer avec le temps, car la psychopathie peut se diagnostiquer de mieux en mieux et surtout, elle pourra être davantage traitée, notamment chez les mineurs détectés précocement. 

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SOURCES :
– Étude « Psychopathy and emotion dysregulation: More than meets the eye”, a été écrite par Carlo Garofalo, Craig S. Neumann, David S. Kosson et Patrizia Velotti.

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