Peut-être avez-vous entendu parler de ces enfants qui ont commis un ou plusieurs meurtres et vous vous demandez comment cela peut arriver d’un point de vue psychologique. Dans la plupart des cas, ces tueurs grandissent et deviennent des adultes responsables, ce qui peut rendre leurs crimes encore plus troublants. Cependant, certains enfants sont tellement endommagés par leur passé que leur capacité d’empathie est annihilée. Dans cet article, vous trouverez des informations sur les enfants qui ont commis des meurtres et sur les raisons pour lesquelles certains d’entre eux sont passés du statut d’enfant meurtrier à celui de criminel adulte. Continuez à lire pour découvrir où se trouvent aujourd’hui ces tueurs d’enfants qui ont été condamnés par la justice…

 

Quel est l’âge moyen d’un enfant qui commet un meurtre ?

Malheureusement, il n’existe pas de statistiques précises sur l’âge moyen des enfants qui ont commis un meurtre. Toutefois, de plus en plus de passages à l’acte violents et criminels sont perpétrés par des jeunes de moins de 18 ans. Mais la véritable question qui hante les esprits est de savoir pourquoi des enfants commettent des meurtres ? 

Les motifs les plus courants sont la vengeance, la colère et la peur. Dans beaucoup de cas, les enfants qui ont tué, ont vécu des drames familiaux et des maltraitances répétées. D’autres mineurs se sont retrouvés impliqués dans des gangs ou ont été incités à commettre des actes graves à cause de mauvaises fréquentations. Et dans le pire des cas, nous nous retrouvons face à des jeunes ne ressentant rien : ni empathie, ni culpabilité. Ils ont tué pour le frisson et l’excitation. 

Certains crimes commis par de jeunes adolescents, ont choqué les populations du monde entier :

  • Brenda Ann Spencer, 16 ans : par la fenêtre de chez elle, elle blesse avec un fusil 8 enfants qui attendent l’ouverture du portail de l’école, tue le directeur de l’établissement ainsi que le gardien, et blesse un policier. « Je n’aime pas les lundis. Au moins, ça a animé ma journée. » En prison depuis 1979, Brenda Spencer est toujours en attente d’une libération
  • Eric Smith, 13 ans : enlève un petit garçon de 4 ans, le frappe avec une pierre, l’étrangle puis le viole. « J’étais tout le temps harcelé à l’école à cause de mes lunettes et de mes cheveux roux. Mon père et mes deux sœurs passaient eux aussi leur temps à me malmener. J’ai passé ma colère sur Derrick ». En prison depuis 1993, Eric Smith a été libéré en 2021 à l’âge de 41 ans
  • Jasmine Richardson, 12 ans : a tué son petit frère de 8 ans, son père et sa mère. Elle était en binôme avec son ami de 23 ans. Les parents de la fillette ne voulaient pas qu’elle fréquente ce garçon, bien plus âgé qu’elle. Ils ont décidé d’éliminer la famille. C’est lui qui a tué les parents de Jasmine. La justice a estimé que Jasmine Richardson était sous l’emprise de son petit ami. Entre prison et hôpital psychiatrique durant 10 ans, Jasmine a été libérée en 2016. Son petit ami, lui, a écopé d’une peine de prison de 25 ans
  • Amarjeet Sada, 7 ans : le plus jeune tueur en série au monde. Il a d’abord tué sa  cousine âgée de 8 mois, sa propre soeur de 6 ans puis sa voisine de 6 mois. Les informations sur sa condamnation ne sont pas connues du grand public

 

Guerres : les enfants auteurs de massacres

Un contexte dont nous parlons peu mais qui existe : les enfants qui tuent durant la guerre ! Outre les femmes, les premières victimes sont aussi les enfants, souvent en très bas âges. D’abord spectateurs de viols et de crimes brutaux sur les membres de la famille, puis de personnes environnantes, ils sont également les cibles de ces mêmes atrocités. Puis, traumatisés, il n’est pas rare qu’ils soient emmenés contre leur gré pour combattre auprès des assaillants.

Durant la guerre au Rwanda, des jugements ont été prononcés contre des mineurs entre 14 et 18 ans, sans pour autant qu’ils soient jugés comme des adultes. La contrainte et le contexte ont bien sûr été retenus. Pour les plus jeunes, ces derniers ne pouvaient pas être poursuivis pénalement. 

Selon les âges, les enfants tuent d’autres enfants de leur communauté ou de leur fratrie. Mais au-delà des meurtres, il y a les viols, autre arme redoutable utilisée de manière automatique en temps de guerre. Des survivantes ont raconté comment elles ont été violées par des groupes d’hommes, notamment par de jeunes mineurs et à la vue d’enfants en bas âges. Les génocides entraînent cette folie qui transgresse tous les codes et toutes les normes d’une société normalement établie.

En 1995, une enquête de l’UNICEF a révélé ces chiffres qui montrent tous les actes de violence auxquels les enfants rescapés ont été confrontés :

  • 90 % des survivants ont pensé qu’ils allaient mourir
  • 88 % ont vu des cadavres ou des mutilations
  • 70 % ont été témoins de meurtres ou de lésions corporelles graves
  • 31 % ont été témoins de viols ou d’agressions sexuelles 

Instrumentalisés dans des conflits d’une violence extrême, ces jeunes se reconstruisent du mieux qu’ils peuvent, mais tous devront vivre avec des séquelles définitives.

 

Que peut ressentir un enfant qui a tué quelqu’un ?

Il est impossible de comprendre toutes les variabilités psychologiques que peut ressentir un enfant, ou même un adulte, qui tue quelqu’un. Cela dépend de nombreux paramètres, notamment si le crime en question a été prémédité ou non. Dans un tel cas, il y a un avant, un pendant et un après.

Durant « l’avant », il peut y avoir une phase de préparation pendant laquelle l’enfant ou l’adolescent part à la recherche d’informations : comment piéger sa victime, de quelle manière la tuer selon les moyens qu’il a à sa disposition, comment nettoyer la scène de crime, que faire du corps… des recherches qui peuvent se faire aujourd’hui sur internet, à travers des documentaires où la traque des tueurs est expliquée sous toutes ses coutures, ou dans des livres consacrés aux crimes.

Lors du « pendant », durant lequel de nombreux ressentis peuvent surgir. S’il y a préméditation, le tueur peut chercher à éprouver des sensations bien spécifiques, comme ce qu’il a ressenti durant la visualisation de ses fantasmes : domination, plaisir, joie, frénésie… Le déferlement de violence peut être ressenti comme l’expression d’une rage trop longtemps réprimée et vécue sur le coup comme une délivrance, que le crime soit prémédité ou pas. Et tout pourrait dépendre de son niveau de discernement au moment des faits.

Et lorsque survient « l’après », l’enfant ou l’ado peut être traversé par de nombreux sentiments et des émotions diverses. Cela dépendra de sa personnalité, de son éducation et de son vécu. Il peut finalement y avoir des remords, de la culpabilité et de la honte face au crime commis. Mais aussi de la colère envers la personne qui a donné l’envie de passer à l’acte. Si c’est une victime qui s’en prend à son bourreau, peut-être peut-elle avoir l’impression qu’elle avait le droit de le tuer et qu’ainsi, elle rend service au reste de l’humanité.

Mais il se peut aussi que l’auteur des faits n’éprouve rien de négatif. Juste un bel accomplissement. De la satisfaction et de la sérénité.

 

Que deviennent les enfants tueurs ?

Selon la gravité des actes, ils sont emprisonnés pour plusieurs années. Pour ceux dont les crimes ont été relayés dans les médias, un changement d’identité s’effectue après leur libération :

  • En Angleterre, Robert Thompson et Jon Venables, des enfants de 10 ans ont enlevé, torturé et tué le petit James Bulger, 2 ans. Les deux garçons ont été condamnés à 8 ans de prison. Peu après leur majorité, ils ont été placés en liberté conditionnelle. Mais neuf ans plus tard, à 27 ans, Jon Venables repasse par la case prison pour des téléchargements de fichiers pédopornographiques
  • En Grande-Bretagne, Mary Bell, 10 ans, a tué deux petits garçons de 3 et 4 ans, dont l’un avec la complicité d’une de ses amies. Condamnée à 12 ans de prison, elle est ressortie libre à l’âge de 23 ans. À 41 ans, elle est aujourd’hui maman d’une petite fille. Un livre a été écrit sur sa vie par Gitta Sereny, historienne spécialiste du nazisme : « Une si jolie petite fille »
  • Dans le Missouri, Alyssa Bustamant, 15 ans, a tué de sang-froid la petite Elisabeth Olten, 9 ans. Elle a indiqué avoir trouvé cette expérience « incroyable et plutôt plaisante » L’adolescente voulait savoir ce que cela faisait de tuer quelqu’un. Elle a été condamnée à la perpétuité avec la possibilité de demander une conditionnelle après 30 ans d’emprisonnement

 

En France, toujours en fonction de la gravité des actes, les mineurs peuvent purger leur peine dans différents établissements :

1/ les quartiers pour mineurs dans les maisons d’arrêt. Séparés des prisonniers adultes,  les jeunes criminels continuent les cours ou autres formations professionnelles jusqu’à 16 ans. Ils sont adaptés pour les jeunes délinquants en attente d’un procès.

2/ les EPM (Établissements Pénitentiaires pour Mineurs). Pour les mineurs âgés de 13 à 18 ans, si leur jugement n’est pas définitif ou en attente de procès. Ici, c’est la poursuite de l’éducation, encadrée par des éducateurs spécialisés et des membres de l’administration pénitentiaire. 

3/ les centres éducatifs fermés. C’est une alternative à la prison. Ces centres peuvent accueillir un petit nombre de délinquants récidivistes mais également de jeunes criminels (entre 8 et 12) dès l’âge de 13 ans. Les détenus peuvent aller et venir à leur guise au sein du centre.

Les traumatismes de l’enfance peuvent amener certains jeunes à commettre l’irréparable. Soit parce qu’ils ont décidé de se venger, ou parce qu’ils ne veulent plus vivre dans la peur constante. D’autres développent des troubles de la personnalité parce qu’ils ont vécu de graves bouleversements, mais cela n’est pas toujours le cas. Des jeunes peuvent être diagnostiqués avec un trouble de la personnalité antisociale, sans avoir eu un quelconque traumatisme.

Alors même si beaucoup de gens supposent encore que les enfants qui naissent dans une famille violente sont destinés à devenir eux-mêmes violents, il convient de relativiser. 

Certes, cela arrive, mais beaucoup d’entre eux deviennent des adultes responsables et respectueux des lois, sans sombrer dans le même schéma que leur famille dysfonctionnelle et encore moins dans le crime.

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SOURCES :
  • Enquête UNICEF – 1995 – Citée dans le Human Rights Watch, p.9

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