La science continue ses recherches dans sa compréhension du trouble de la psychopathie. Les bases comportementales du psychopathe, qu’il soit criminel ou non, sont généralement décrites à travers la froideur, la cruauté et l’insensibilité. De plus, il serait peu accessible aux soins. Mais reste à déterminer si tous les psychopathes sont si hermétiques que cela face aux émotions…

 

Une lueur d’espoir

Tous les écrits sur les psychopathes mettent en avant leur déficit émotionnel. Même s’ils sont capables d’exprimer et d’imiter des émotions, que ce soit au niveau du ton de la voix et des expressions faciales, ils n’en comprennent pas vraiment le sens. Mais pour eux, c’est aussi une façon de se noyer dans la masse en montrant aux autres qu’ils sont socialement adaptés. Toutefois, des recherches récentes ne confirment pas le fait que tous les psychopathes souffrent d’un déficit total, tant au niveau de l’affect que des émotions.

Il semble que dans une certaine mesure, les psychopathes ont la capacité de ressentir des émotions spécifiques mais qu’ils décident de les maîtriser. Ainsi, les recherches de l’Université du Vermont penchent vers une carence qui s’oriente davantage en direction de certaines émotions, mais pas toutes. Et cette défaillance émotionnelle se dirigerait vers des émotions négatives plutôt que positives. Par exemple, le ressenti de la peur et de la culpabilité, est une gestion manquante ou déficitaire chez les psychopathes. Les chercheurs ont avancé deux raisons principales pour expliquer cette carence, notamment celle de la peur :

1/ le psychopathe évalue mal la menace. La mesure du danger étant insuffisante ou inexistante, la peur n’est pas actionnée

2/ le psychopathe a un objectif à atteindre. Toute sa concentration se pose sur la « récompense » qu’il souhaite obtenir. Même si cela comporte des risques, il semblerait que son attention ne soit posée que sur l’aspect positif que la situation va lui apporter. La peur n’en fait donc pas partie

Les raisonnements scientifiques, même s’ils ne sont pas toujours concordants sur le sujet, semblent s’éloigner de la pensée collective déclarant que tous les psychopathes vivent avec un vide émotionnel abyssal. Il nous faut également prendre en compte le niveau de psychopathie d’un individu qui s’étire de « léger » à « sévère ». Les réactions et les actions ne sont pas les mêmes d’un cas à l’autre.

 

Une nouvelle catégorie de psychopathes…

Une autre étude a révélé que certains jeunes, âgés de 11 à 17 ans, éprouvaient de profondes émotions alors qu’ils présentaient des troubles antisociaux graves pouvant évoluer vers une psychopathie une fois adultes. L’absence de manifestation de leur émotivité viendrait du fait que cette catégorie d’adolescents délinquants se ferme face à leur ressenti émotionnel. Une sorte de défense qui leur permettrait de garder le contrôle afin de se protéger des problèmes de leur existence.

Les tests passés par ces mêmes jeunes ont permis d’identifier un niveau d’anxiété très élevé mais également un risque de dépression accru. Ce sous-groupe d’antisociaux semble donc avoir une réelle accessibilité aux émotions, même si elles sont réprimées. L’intérêt pour ce panel de patients c’est que cette découverte pourrait apporter un meilleur espoir thérapeutique.

Ces jeunes ont été diagnostiqués « antisociaux » à cause de leurs actes et de leurs évaluations psychologiques qui ont montré de l’hostilité, de l’agressivité et de la violence. Pour autant, certains d’entre eux ne sont pas exemptés d’émotions négatives et y seraient même très sensibles. Des études scientifiques plus récentes se sont également intéressées aux psychopathes adultes. Ces dernières révèlent que plusieurs d’entre eux ressentent aussi cette détresse émotionnelle.

Au niveau des soins, cette psychopathie secondaire pourrait être traitée différemment de ce qui est habituellement proposé tout en apportant un soutien approprié à celles et ceux qui se trouvent dans cette catégorie.

Encore une fois, le cerveau humain nous montre qu’il faut regarder toujours plus loin que ce que l’on croit être acquis.

SB.

  • Sources : Pham TH, Ducro C, Luminet O. « Psychopathy, alexithymia and emotional intelligence » in a forensic hospital. Int J Forensic Ment Health – Université du Vermont, publié dans « Journal of Abnormal Child Psychology »

 

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