Parfois, la vie peut se montrer cruelle et engendrer des traumatismes qui laissent des traces profondes sur notre manière d’être et de penser. Dans cet article, nous allons voir ensemble comment notre cerveau réagit face à un choc et de quelle façon il va essayer de nous protéger.
Comprendre le traumatisme
Il peut prendre différentes formes : une expérience unique comme un accident, une agression, une perte… ou une expérience répétée comme des violences physiques, sexuelles ou domestiques…
Mais toutes les blessures ne sont pas visibles.
Surtout, celles de l’esprit.
Un traumatisme vient affecter profondément notre cerveau, nos émotions, notre corps et notre comportement.
Le trauma est issu d’un choc violent qui dépasse nos capacités d’adaptation. Il enclenche un certain nombre de mécanismes négatifs comme des flashbacks, des troubles graves du sommeil, des angoisses persistantes et un engourdissement émotionnel. Le traumatisme abîme réellement le sentiment de sécurité dont nous avons tant besoin, mais détériore également le contrôle de notre vie.
N’importe lequel d’entre nous peut vivre un événement qui va nous bouleverser, tant physiquement que psychologiquement. Mais nous réagissons différemment selon notre passé, notre environnement, notre personnalité et nos ressources.
Le cerveau, notre bouclier protecteur
Lors d’une situation traumatisante, notre cerveau s’active très rapidement afin de nous protéger au mieux. Il met en place des barricades défensives qui sont, pour la plupart, automatiques et inconscientes.
Il déclenche des processus dans certaines de ses zones. Il n’y a pas d’ordre précis dans ses déclenchements, mais il touche principalement ces parties neurologiques.
Lorsque le cerveau agit sur le cortex préfrontal, la zone qui gère, entre autres, la régulation émotionnelle, il fait en sorte de freiner les réactions qui pourraient être excessives. Il va affaiblir cette régulation, la rendre moins active et, sans le vouloir, il va amplifier les réactions de peur face aux souvenirs liés au trauma. C’est pour cela que prendre de la distance est très difficile, ce qui entraîne des pensées négatives et des cauchemars récurrents.
Le traitement des émotions est lui aussi touché. L’amygdale, mais aussi de multiples autres zones situées dans notre cerveau, sont alors heurtées à leur tour. L’amygdale est une région clé de notre cerveau, puisque c’est elle qui joue un rôle central sur nos émotions, notamment la peur. Toutefois, elle intervient aussi dans d’autres mécanismes. Son activité peut devenir particulièrement intense et ainsi faire progresser la charge émotionnelle liée au souvenir du choc. La mémoire traumatique s’intensifie et provoque une vigilance extrême où la terreur est omniprésente. Le souvenir est chargé de sensations vives et visuelles et peut se revivre de manière répétée.
Puis la zone de l’hippocampe qui permet le stockage et l’organisation des souvenirs. Sous un stress excessif, cette partie du cerveau subit un dysfonctionnement rendant la mémoire confuse, avec des images fragmentées.
Quoi que nous puissions en penser, ces mécanismes de défense permettent de survivre face à l’insurmontable. Notre cerveau actionne différentes stratégies pour nous éviter de ressentir une douleur trop violente.
Les bouées de survie
Face à un traumatisme, notre cerveau continue d’activer des bouées de survie via des réponses spécifiques qui protègent notre psychisme.
- L’amnésie traumatique : en bloquant certains souvenirs traumatisants, le cerveau nous évite de vivre une douleur émotionnelle qui pourrait être insupportable. Il ne s’agit pas d’un oubli volontaire. Tout d’abord, l’amygdale envoie une alerte de détresse et de danger intense. L’hippocampe perçoit à son tour ce signal de grand stress et cesse de faire fonctionner normalement la mémoire. Il rend cette dernière complètement floue, soit la rend inaccessible. En faisant cela, notre cerveau veut éviter que nous revivions inlassablement cet événement. Il agit pour notre survie immédiate.
- La dissociation : le cerveau nous déconnecte de la réalité afin de ne plus sentir de douleurs émotionnelles et physiques. Il va alors altérer notre perception de l’environnement dans lequel nous vivons et va nous amener à nous détacher de notre corps. Un peu comme si cette scène arrivait à une autre personne. Cela agit comme un anesthésiant émotionnel.
- L’hypervigilance : notre cerveau fait en sorte que nous restions en état d’alerte maximale même s’il n’y a plus de danger. Notre amygdale étant suractivée après un trauma, nous percevons les menaces même là où il n’y en a pas. Un tel niveau de vigilance peut malheureusement libérer du cortisol, l’hormone du stress. Cette hypervigilance nous permet de détecter très rapidement tout risque potentiel et de réagir plus vite.
- Le déni : celui-ci nous amène à refuser une réalité traumatisante et les émotions qui vont avec. Notre cortex préfrontal inhibe l’insertion de certaines informations liées au traumatisme. Cela nous mène vers une réalité alternative qui s’avère être plus supportable, tout en nous évitant d’être submergés par un choc émotionnel.
- La rationalisation : elle nous permet de justifier de façon logique ce qui s’est passé. Notre cerveau réduit le conflit entre ce que nous ressentons et ce que nous pensons. Le cortex préfrontal va alors prendre le contrôle sur nos émotions brutes afin de nous sécuriser. En faisant cela, notre cerveau nous aide à garder une certaine cohérence mentale sur quelque chose de totalement incompréhensible.
Mais tous ces mécanismes de défense ont aussi leurs limites. Ils nous protègent sur le court terme mais ils peuvent s’avérer néfastes sur le long terme : flashbacks, troubles de l’identité, déconnexion de nos émotions, anxiété chronique, troubles du sommeil, insécurité permanente, conflits internes, comportements d’évitement, distance relationnelle, symptômes physiques et psychologiques…
Se reconstruire malgré le traumatisme
Il est tout à fait possible de retrouver un équilibre de vie grâce (encore) à notre cerveau qui s’avère malléable. Il peut s’adapter en créant de nouvelles connexions.
Toutefois, ce retour à la vie peut difficilement se faire seul(e). Il faut un accompagnement. Certaines thérapies peuvent contribuer à une amélioration, voire même à la guérison :
- L’EMDR – Traitement des souvenirs traumatiques en réduisant les symptômes du stress post-traumatique
- La thérapie cognitive et comportementale – Sert à identifier et à changer les pensées négatives.
- La méditation – Un travail de pleine conscience peut venir réduire l’hypervigilance et apaiser la suractivation de l’amygdale.
Mais n’oublions jamais que nous ne pouvons pas tenir debout sans appuis solides. Le soutien social, que ce soit notre famille, nos amis, des groupes de parole, s’avère fondamental. Les relations sécurisantes favorisent notre progression vers le chemin de l’équilibre.
No responses yet