Le vendredi 4 novembre 2011, Nicolas Sarkozy et Barack Obama étaient réunis sur le même plateau pour parler de la crise économique mondiale.
Cet entretien laissait surtout place aux mains et aux différents positionnements des poignets de l’un et de l’autre. Pour l’analyse du langage non verbal, les bras, les poignets et les mains sont les parties les plus visibles et sont donc plus facilement repérables que tout le reste. Avec les jambes, c’est de là où nous pouvons déceler les attitudes ouvertes ou fermées.
Dans ce billet, je me concentrerai donc surtout sur les différentes positions des poignets des deux Présidents et sur quelques autres attitudes non verbales.
Les doigts en V – Poignets ascendants / Doigts croisés – Poignets horizontaux
Pendant l’introduction des journalistes, les deux Présidents écoutent et attendent d’être interviewés. Dès le départ, notons la position des mains de chacun d’entre eux : celles de Nicolas Sarkozy ont une posture ascendante et celles de Barack Obama, une posture horizontale.
Le geste du Président français est un indice de confiance en soi : « je vais apporter mon savoir car c’est moi qui détient le contrôle de la situation ». En plaçant ses doigts en V dans une position montante, il se donne une constance et souhaite montrer sa compétence sur les thèmes qui vont être traités durant l’entretien. Ce geste est donc celui des personnes qui veulent se montrer sûres d’elles-mêmes et donner une image convaincante. Elles savent ce qu’elles ont à dire et se pensent plus expertes que les autres pour répondre aux questions posées.
A l’inverse, le Président américain semble plus « détendu » dans son attente. Ses poignets sont horizontaux, ce qui est un indice d’échange : « je me mets à votre place et je vais partager avec vous ce que je sais ». Les poignets placés de cette façon sont toujours un indice de rapport égalitaire, qui ne prendra pas le pas sur l’autre. Les solutions devront se trouver ensemble et non séparément. Toutefois, notons une légère tension au niveau des doigts avec les mains placées devant le bas-ventre : Barack Obama se protège d’une situation qui le rend un peu méfiant.
Poignet tourné vers soi – Clignements des yeux
Pendant que Nicolas Sarkozy prend la parole, Barack Obama l’écoute en tournant sa tête dans sa direction et en plaçant sa main devant la bouche. Son attention se concentre sur les dires du Président français : cela se voit aux clignements de yeux qui dénotent l’écoute active du Président Obama. C’est un indice important pour savoir si une personne est attentive à ce que nous disons : si notre interlocuteur nous regarde pendant notre élocution mais que ses yeux restent fixent, il pense à autre chose. Si au contraire notre contact nous regarde en clignant des yeux, c’est que ce dernier enregistre les informations qu’il entend. Une fois encore, soyons vigilants face à la situation car si cette dernière est stressante, les clignements de yeux deviendront un signe d’apaisement pour calmer la tension.
Ainsi les clignements de yeux de Barack Obama révèlent donc bien une écoute attentive dans une situation où l’enjeu est extrêmement important.
Observons maintenant la main placée devant la bouche : celle-ci est obstruée pour laisser la parole à l’autre, ne pas laisser s’échapper des mots. Toutefois, le poignet n’est pas tourné vers son interlocuteur et la façon dont le poing est tourné dénote une tension visible. Barack Obama nous révèle quelque peu son inquiétude.
Le haussement d’épaules
Nicolas Sarkozy dit : « Nous avons fait un choix, c’est de dire la vérité aux peuples du monde« . Sa phrase est appuyée par un haussement des épaules : c’est un signe d’impuissance, de manque de conviction dans les propos, une façon de dire qu’il ne connaît pas la vraie réponse. Au préalable, le Président français a d’ailleurs répondu à la journaliste Laurence Ferrari : « est-ce que la crise est finie ? J’aimerais pouvoir vous le dire ! » et enchaîne directement avec la phrase qui provoque le haussement d’épaules.
La situation est délicate, pénible, le constat n’est pas simple mais ce geste n’est pas pour autant un signe de résignation : c’est une façon de dire la vérité « aux peuples du monde ».
Les signes de l’épuisement
Lors des précédents entretiens, nous avions l’habitude de voir un Président français plutôt très actif dans ses mouvements corporels, avec un certain nombre de tics au niveau du visage. Durant cette interview, ce n’était pas le cas.
Regardons ici le niveau d’hypotonicité des épaules : ces dernières sont totalement affaissées, révélant un abattement réel et une fatigue générale également visible au niveau de la tension qui se dessine sur le visage de Nicolas Sarkozy. Ses deux mains sont posées sur les cuisses, les pieds incrustés dans le sol : l’épuisement physique et psychologique ne fait aucun doute.
Les doigts en V : le geste du partage
Comme nous l’avons vu précédement avec le Président Obama, les doigts en V, qui se touchent les uns et les autres, avec les poignets à l’horizontal, forment un vrai geste d’ouverture vers les autres.
Ici, Laurence Ferrari utilise cette gestuelle : elle propose donc très clairement de partager les informations, d’échanger sereinement sur la situation.
Ainsi, lorsque nos interlocuteurs nous écoutent ou nous parlent en utilisant ce geste, cela signifie que ces derniers souhaitent réellement nous dire ce qu’ils savent et trouver une solution avec nous. C’est le geste du « lien ».
L’écoute active
La maîtrise du langage non verbal n’est plus à prouver chez Barack Obama. Ainsi prenons exemple sur sa très belle attitude d’écoute qui passe par le positionnement de ses mains et surtout de sa tête : celle-ci penche légèrement, apportant une certaine douceur dans sa façon d’accueillir les propos de son interlocuteur.
Le niveau d’écoute et d’implication d’une personne se voit à la façon dont la tête est tournée.
Porter de l’intérêt aux autres et obtenir leur confiance passe par la façon dont nous semblons concentrés. Pencher la tête pour écouter ceux qui nous entourent, cela assure une sympathie immédiate.
Les pouces et le niveau de confiance
Les doigts ont tous une signification bien précise lorsque ces derniers sont montrés, cachés ou grattés.
Ici, Nicolas Sarkozy s’exprime en croisant ses doigts un peu en forme « d’hérisson » qui désigne une petite tension qui l’amène à se protéger. Cependant, ses pouces sont bien en évidence : ces derniers représentent ce que nous voulons mettre en avant.
Sur cette photo, le niveau de confiance du Président français montre une bonne assurance dans ses propos, en gardant toutefois, une partie de ce qu’il sait pour lui.
SB.
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2 Responses
Bonjour Sylvia,
Il serait intéressant de faire une analyse de la gestuelle du Premier ministre et du Président de la République aujourd’hui. Cela serait sûrement plein d’enseignements.
[…] http://sylvia-breger.com/langage-non-verbal-nicolas-sarkozy-barack-obama/ […]