L’empathie est une capacité permettant de ressentir et de comprendre les émotions de nos semblables. Celle-ci est présentée comme une qualité principalement féminine. Une opinion renforcée par des stéréotypes suggérant que les femmes ont cette compétence innée de se connecter émotionnellement aux autres.
Reste à savoir si cette théorie repose sur des preuves tangibles ou sur des spéculations.
Dans cet article, nous allons voir quels sont les aspects biologiques, psychologiques et socioculturels qui expliquent le développement de l’empathie. Nous verrons également ce que révèle la recherche scientifique sur l’idée que les femmes sont plus empathiques que les hommes.
Les fondements biologiques de l’empathie
Le traitement des informations émotionnelles marquerait des différences significatives entre les femmes et les hommes. Certaines recherches avancent que les femmes ont une activation plus marquée dans certaines régions cérébrales où s’activent des stimuli émotionnels. C’est dans ces zones que se trouve le ressenti de la douleur d’autrui, ce qui suggère que les femmes auraient une prédisposition biologique et neurologique à éprouver de l’empathie.
Mais il convient de distinguer deux types d’empathie qui marquent une différence assez nette entre les deux. La première est l’empathie affective ou émotionnelle qui permet de ressentir les émotions d’autrui. La seconde, l’empathie cognitive, qui permet de comprendre l’état émotionnel des gens, mais sous une forme intellectuelle.
À ce titre, l’ocytocine, aussi appelée l’hormone de l’amour, est associée à des comportements particulièrement empathiques et sociaux. Des études expliquent que les femmes ont un niveau d’ocytocine généralement plus élevé que les hommes. Ainsi, cela pourrait expliquer les variations possibles dans les comportements empathiques entre ces deux sexes.
Toutefois, ne se baser que sur une approche purement hormonale s’avère plutôt réducteur. Les résultats de ces recherches doivent être interprétés avec prudence, car l’effet réel de cette différence sur l’empathie reste sujet à débat. Sans compter que ces études ne tiennent pas compte des influences psychologiques, environnementales et socioculturelles qui alimentent la capacité de ressentir de l’empathie.
Les dimensions psychologiques de l’empathie
Tout commencerait dès l’enfance. L’éducation des petites filles viserait à encourager le développement des compétences émotionnelles. Ainsi, elles seraient amenées à mieux exprimer ce qu’elles ressentent et à davantage s’engager dans des comportements altruistes. L’éducation des petits garçons serait conditionnée à travers la compétitivité et à la répression de leurs émotions. Ce type de socialisation pourrait avoir des conséquences sur le ressenti de l’empathie. Est-ce que cette attente sociale peut expliquer, à elle seule, pourquoi les femmes ont un niveau empathique plus élevé que les hommes ? Ce serait généraliser un peu trop vite le développement de cette qualité.
Cette théorie sur l’éducation ne signifie pas nécessairement que les hommes sont intrinsèquement moins empathiques. Dès études scientifiques ont montré qu’ils peuvent ressentir un niveau d’empathie similaire à celui des femmes, mais que l’expression des sentiments se ferait différemment.
De plus, certains biais de perception peuvent aussi entrer en jeu. Des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie ont mené une expérience très intéressante sur ce sujet. Ils ont présenté des comportements empathiques émanant d’hommes et de femmes. Pour autant, les participants de cette étude ont eu tendance à estimer que les femmes étaient plus empathiques que leurs homologues masculins.
L’Université de Cambridge a réalisé une autre étude en réunissant 300.000 participants de 57 pays différents. Cette dernière a révélé que les femmes obtenaient de meilleurs résultats aux tests d’interprétation des états mentaux de leurs interlocuteurs.
De son côté, le campus de UCLA (l’Université de Californie) a indiqué que le cerveau féminin présentait une activation plus importante dans les zones liées à la perception de la douleur d’autrui.
Mais les scientifiques établissent surtout, et à juste titre, que l’empathie résulte d’une interaction complexe entre les différents facteurs biologiques et les influences environnementales. Et même si les femmes semblent globalement plus empathiques que les hommes, nous ne devons pas perdre de vue que chaque individu a sa propre façon d’être et de ressentir, aussi bien chez nos homologues féminins que masculins. Des hommes peuvent éprouver une très grande empathie, tandis que certaines femmes peuvent se montrer plus froides sur le plan émotionnel. L’empathie s’étire sur un spectre dont le curseur se déplace en fonction de la personnalité, du vécu, mais aussi de la situation, de l’humeur et de l’état mental. C’est une sensation qui n’est jamais figée.
L’expression de l’empathie des femmes et des hommes
Nous sommes tous uniques dans notre façon de communiquer et de faire passer des messages. Ainsi, les lignes qui vont suivre sont des généralités souvent observées, mais pas systématiques. Car il a été relevé que les femmes ont tendance à partager leur compassion par le langage verbal, mais également par le langage corporel. Elles utilisent des mots plus empathiques, posent des questions sur ce que ressent l’interlocuteur et offrent un soutien émotionnel explicite. Les femmes échangent sur leurs propres expériences personnelles. Au niveau physiologique, leurs réactions seraient également plus marquées face à la détresse d’une personne. Entre autres, le rythme cardiaque s’accélère, la transpiration s’active légèrement, des douleurs physiques peuvent même se manifester.
Du côté des hommes, ces derniers expriment leur empathie de façon plus pragmatique. Ils ont plutôt tendance à se concentrer sur la résolution du problème rencontré sans s’engager dans une profonde réponse émotionnelle. Et contrairement aux idées reçues, beaucoup d’hommes sont capables d’écouter attentivement ce qui préoccupe les autres. Et cette écoute fait bien sûr partie de l’empathie. Il arrive aussi que certains hommes utilisent l’humour pour désamorcer une situation émotionnellement chargée. Il s’agit souvent d’une réaction de défense face à un contexte troublant pour ceux qui ont du mal à montrer leurs émotions de façon directe. Mais c’est aussi une façon de créer un lien avec l’autre.
Ainsi, définir avec exactitude que les femmes sont plus empathiques que les hommes reste un sujet ouvert au débat. Même si la recherche a réalisé des études très intéressantes sur ce thème, il est cependant essentiel de considérer la diversité des facteurs biologiques, psychologiques et socioculturels qui alimentent le développement et l’apparition de l’empathie. Car le véritable intérêt de l’empathie est de comprendre ses nuances, ses effets positifs dans les relations humaines et, surtout, comment la valoriser. Des questions qui surpassent la théorie de savoir qui, de l’homme ou de la femme, est le plus empathique des deux.
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